Cela faisait des années que nous repoussions l’idée de retourner au Vietnam. Pourquoi ? Parce que notre premier voyage en tant que digital nomad au Vietnam avait été une catastrophe. Une de ces expériences où, malgré toute notre bonne volonté, nous n’avons pas trouvé notre place.

Mais voilà… Après trois mois passés à Osaka, nous avons décidé de tenter à nouveau l’aventure. C’est ainsi que l’on a opté pour un séjour de 30 jours à Hanoï tout en gérant nos activités par Internet.

Avions-nous raison de donner une seconde chance au Vietnam ? Est-ce que ce deuxième séjour allait nous prouver que ce pays n’était définitivement pas fait pour nous ? Ou allions-nous être enfin conquis ?

Certains pays nous envoûtent, d’autres non

Il y a des pays où, dès qu’on pose un pied sur leur sol, on sait qu’on va les aimer. C’est ce que nous avons ressenti plusieurs fois en Espagne, en Thaïlande, au Japon… Tout semblait évident, fluide, naturel. Nous voyageons tout en travaillant par Internet depuis 2013 et nous avons majoritairement vécu de belles expériences.

Et puis, il y a des contrées avec lesquels ça ne prend pas. Le Vietnam fait partie de ces pays-là pour nous. En 2017, notre premier séjour avait été un véritable fiasco. Nous étions repartis avec une seule certitude : nous n’y remettrons jamais les pieds.

Et pourtant, en 2024, nous y sommes retournés. Pour quelle raison ?

Je surfais sur le site SkyScanner à la recherche du meilleur tarif de billet pour quitter Osaka et c’est cette destination qui s’est affichée. J’ai eu un grand moment d’hésitation. Puis de curiosité. Et si on laissait une seconde chance au Vietnam ?

Les tickets pour Hanoï furent pris ! Et, le 31 octobre, nous nous envolions pour le pays du Dragon sans attentes particulières et, du coup aussi, avec moins de risques d’être déçus.

2017 : Un premier séjour qui nous a laissés épuisés et frustrés

Digital nomad vietnam- un premier sejour rate

Revenons un peu en arrière. Si tu n’as pas lu le bilan que j’ai écrit après notre premier voyage au Vietnam, je vais t’en faire un petit résumé.

Quand nous avons mis les pieds dans ce pays pour la première fois, nous étions pleins d’enthousiasme, voire naïfs ! Nous venions de passer un mois formidable à Chiang Mai, en Thaïlande. C’était notre première expérience en Asie et nous avions adoré.

D’ailleurs, nous avions prévu d’y retourner avec un visa de 90 jours. Un document de séjour dont nous pouvions faire la demande à l’ambassade de Thaïlande à Hô Chi Minh-Ville, qui se trouvait à 1 h 30 de notre lieu de résidence !

J’avais entendu tant d’éloges sur la gentillesse des Vietnamiens et sur leur cuisine que je pensais qu’on allait apprécier, nous aussi. Après tout, comment aurions-nous pu ne pas aimer ?

En réalité… rien ne s’est passé comme prévu.

Une accumulation de galères dès le premier jour

Nous étions au mois de décembre et nous avions choisi de séjourner dans une petite ville balnéaire du nord du pays : Vung Tau. Notre Airbnb avait une piscine et une plage privée… de quoi passer les fêtes de fin d’année dans de belles conditions.

Mais ça, c’était sur l’annonce. La réalité fut tout autre !

Dès notre arrivée, tout est allé de travers.

  • La piscine de notre Airbnb était en travaux, ainsi que la plage privée inaccessible, ce que notre hôte avait « oublié » de nous signaler.
  • La résidence où nous logions était isolée, quasiment vide, entourée de demeures en construction. Le soir, installée sur le balcon, je scrutais l’horizon en quête d’un signe de vie. Une seule maison était éclairée au milieu de dizaines d’autres inhabitées. J’avais l’impression de séjourner dans un village fantôme.
  •  Il n’y avait pas les stands de nourriture dont nous parlait notre hôte. À quelques pas se trouvait un resort avec une plage et un restaurant à l’accueil très antipathique. Et un peu plus bas dans la rue, un petit resto familial où nous avons mangé quelques fois.
  • Le pire ? À notre arrivée, l’appartement était infesté de cafards. Dès que nous éteignions la lumière, ils grouillaient sur les murs. J’ai refusé de dormir dans le noir pendant plusieurs jours… l’horreur.

Quand cela fut réglé et que le logement fut nettoyé de ses squatters indésirables, nous avons dû faire face à d’autres mauvaises surprises.

  • Les chauffeurs Uber tentaient de nous arnaquer à presque chaque réservation. Nous réglions via l’application, mais ils exigeaient un paiement supplémentaire – et conséquent – en cash avant de démarrer. Nous contestions, évidemment. Et nous devions soit renoncer à notre sortie, soit ressayer une course avec un  chauffeur. Tout ça nous faisait perdre des heures et nous décourageait.
  • Les commerçants étaient froids, souvent même désagréables. Nous avions l’impression d’être une gêne plus qu’autre chose.

Et puis, quelques jours avant Noël, alors que nous étions à Hô Chi Minh-Ville pour notre demande de visa, il y a eu le vol à l’arraché de notre téléphone. Un scooter a surgi sur le trottoir, s’est faufilé entre Logan et Patrice et, en un éclair, le téléphone de notre fils — que lui avait offert Apple lors de sa rencontre avec Tim Cook — avait disparu de ses mains. Nous étions choqués. Patrice et Logan se sont lancés à la poursuite du scooter qui se faufilait habilement entre les autres véhicules, mais c’était peine perdue.

Autour de nous, aucune réaction. Comme si rien ne s’était passé. Pire : nous avons été retenus des heures au commissariat pour, au bout du compte, qu’ils ne nous demandent même pas le numéro IMEI du téléphone, nécessaire pour l’identifier. J’ai senti un mélange de lassitude et d’impuissance m’envahir. La coupe était pleine.

Après cela, nous avons essayé de nous concentrer sur notre travail et sur notre prochaine destination : la Malaisie.

Et encore, je passe sur beaucoup de détails hallucinants ! Lorsque nous racontons toutes nos mésaventures, j’ai l’impression que mon côté marseillais refait surface, que c’est de l’exagération. Pas du tout ! Tout notre séjour fut une succession de déconvenues, de déceptions.

Un seul événement nous a remonté le moral : notre réveillon du Nouvel An dans un bel hôtel en bord de mer de Chine où nous avions aussi réservé une nuit. L’espace de quelques heures, nous nous sommes sentis comme dans une bulle. Entourés de gens gentils et courtois avec nous, alors que nous étions les seuls Occidentaux dans l’hôtel ! Cette courte parenthèse de calme et de bienveillance nous a permis de débuter l’année de meilleure humeur.

Mais en quittant ce pays, nous nous sommes dit : « Le Vietnam, c’est terminé. »

Octobre 2024 : Un retour sans attentes

Alors, pourquoi y être retournés ?
Parce que sept années étaient passées et que nous logerions dans une autre ville. Parce que Hanoï semblait avoir plus d’attraits que les villes du Nord. Parce que nous ne voulions pas rester éternellement sur des aprioris négatifs sur un pays, le seul en 12 ans de voyage permanent.

Et cette fois, c’est vrai, ça s’est bien mieux passé !

  • Les gens nous ont semblé plus agréables.
  • Nous avons mieux compris la ville, son fonctionnement, son rythme.
  • Nous avons découvert d’excellents restaurants et cafés.
  • Notre appartement était spacieux, propre et confortable.

J’ai d’ailleurs enregistré la vidéo ci-dessous pour présenter l’appartement.

Malgré tout ça… le déclic n’a toujours pas eu lieu.

La pollution : l’invitée indésirable de notre séjour

Hanoi et sa pollution

Dès le premier jour, alors que nous étions dans le Grab qui nous conduisait à notre logement, nous avons vu ce mélange de poussière et de fumée qui recouvrait toute la ville. Je me doutais un peu qu’une ville aussi grande ne serait pas épargnée par la pollution. Mais je ne m’attendais pas à ce que ce soit à ce point !

Nous avions choisi un quartier près du Lac de l’ouest, pensant pouvoir profiter d’un cadre agréable. Il y avait de nombreux restaurants et cafés tout autour et l’on pouvait longer le lac en marchant. Finalement, nous y sommes allés très peu. Pourquoi ?

Parce que ça sentait très mauvais, tout simplement. Parce que voir des poissons agonisants, le ventre hors de l’eau, ça coupe un peu l’envie de flâner.

Patrice a sur son téléphone l’application AirVisual. Elle nous permet d’être avertis lorsque le taux de pollution devient néfaste. Régulièrement, pendant notre séjour, le taux de pollution a atteint un niveau « très dangereux ». Il était conseillé de sortir avec un masque à haut niveau de protection ou de rester à la maison.
Les fenêtres de l’appartement étaient mal isolées et l’odeur s’infiltrait à l’intérieur.

Nos amis Cédric, Sandrine et leur fils Mathis, eux aussi nomades, étaient logés de l’autre côté de la rivière dans un Eco Park. Quand ils sont venus dans le centre, ils ont été choqués et même nauséeux à cause de l’odeur qui provenait du lac, mixée à la pollution ambiante.

Eco park hanoiDe nombreux Vietnamiens font le choix de fuir le centre de Hanoï pour s’installer dans un de ces nouveaux quartiers arboisés loin de la ville. L’environnement y est verdoyant, propre, les véhicules sont souvent électriques… et la pollution n’y est pas la bienvenue !

Nous y avons passé une journée et la tentation était grande d’abandonner notre appartement pour nous y installer.

Mais deux choses nous ont retenus :

1. Cela signifiait perdre le paiement de presque 1200 euros effectué pour le logement actuel et en faire un autre d’à peu près la même somme.
2. De nombreux appartements étaient en travaux. J’avais peur que nous nous retrouvions dans un environnement certes plus sain, mais avec des nuisances sonores. Nos amis ayant eu ce type de désagrément dans leur premier logement, nous n’avions pas envie de vivre la même expérience.

Et puis, notre appartement était confortable, joli. Assez silencieux, il nous permettait d’enregistrer des vidéos et de faire des visios avec les membres de nos programmes. Sans compter que, dans notre quartier, nous avions de très bons restos. Notre environnement proche était relativement « calme » comparé à d’autres quartiers.

Bref, nous avons fait le choix de rester où nous étions. Et puis, tu connais le proverbe : « Tu sais ce que tu perds, mais tu ne sais pas ce que tu gagnes. »

Hanoï, une ville en pleine effervescence du matin au soir

Les klaxons qui résonnent en continu dès l’aube, les scooters qui slaloment dans un ballet désordonné, l’odeur du pho fumant (et parfois aigre) qui se mêle à celle des pots d’échappement…

Hanoï est intense, vivante, mais surtout, elle est étouffante. Certains voyageurs vont s’y perdre pendant des heures, fascinés par son chaos. D’autres, au contraire, s’y sentent écrasés par son agitation incessante. Sans surprise, je fais partie de la seconde catégorie.

Moi qui aime visiter une ville à pied, m’y détendre en flânant le nez en l’air… C’est mission impossible, ici ! Nous avons tenté de sortir et d’aller à la découverte de certains quartiers, mais c’était énergivore. Être un piéton dans cette ville n’a rien de réjouissant, il faut être aux aguets à chaque seconde.

Je crois que le fait d’arriver dans cet environnement après trois mois merveilleux à Osaka y est pour beaucoup. C’était un tel contraste ! La nostalgie du Japon nous envahissait régulièrement et nous ne pouvions nous empêcher de faire des comparaisons entre ces deux villes totalement opposées.

Faut-il insister quand le charme ne prend pas ?

Ce second séjour a changé notre perception du Vietnam. Nous avons mieux compris le pays, mais sans ressentir l’étincelle qui nous pousse d’habitude à vouloir revenir. Sans regret ni rancune, nous refermons ce chapitre, conscients que toutes les destinations ne peuvent pas nous toucher.
Et c’est OK ! Chaque voyageur est différent. Nous devons accepter que l’expérience dans un pays puisse être différente d’une personne à une autre.

Notre vie d’entrepreneurs nomades se poursuit avec toujours cette envie de découvertes. Il y a tant de nouvelles destinations qui nous attendent, tant d’endroits où l’on se sent bien immédiatement, tant de villes qui résonnent en nous dès les premiers instants.

Et toi, ça t’est déjà arrivé de ne pas accrocher avec une destination alors que tout le monde en parle avec des étoiles dans les yeux ?