Quel statut pour digital nomad choisir quand on veut travailler en voyageant? C’est une question que l’on se pose forcément lorsque l’on réfléchit à ce nouveau projet de vie. De nombreuses personnes pensent – ou veulent faire croire parce que c’est un terme « à la mode » sur les réseaux sociaux – qu’être digital nomad est un métier… Pas du tout.

Définition digital nomad

Le nomadisme digital est un style de vie. Devenir digital nomad, c’est la combinaison de deux choses : avoir une activité qui se fait à distance, par Internet avec un ordinateur (ou une tablette, voire un Smartphone dans de rares cas) et une itinérance choisie et modulable selon ses envies. Pour adhérer à ce mode de vie, il n’y a pas 36 solutions : tu dois avoir une activité que tu peux exercer de n’importe où dans le monde afin d’être totalement libre géographiquement.
Dans le premier chapitre de cette formation intitulé Projet de vie nomade digitale : comment s’y préparer

Je t’avais posé les questions suivantes :

  • Tu as déjà une activité en ligne (freelance, entrepreneur, rentier) ?
  • Ton travail actuel peut se transformer pour se faire à distance ?
  • Ton activité ne peut pas se faire par Internet ?
  • Tu veux quitter ton travail actuel et devenir freelance/entrepreneur ?
  • Tu es sans revenu professionnel (recherche d’emploi, retraité) ?

Dans ce nouvel article ( ou vidéo  si tu préfère ce support) , je vais répondre à ces questions-là en t’expliquant les deux cas de figures qui existent et qui peuvent te correspondre.
Puis, nous verrons ensemble quel statut d’entreprise choisir quand on est nomade digital.

1) Devenir digital nomad salarié remote

Lors de la gestion de la pandémie en 2020 et 2021, de nombreux employés ont été contraints de télétravailler depuis leur domicile. Une nouveauté pour une grande partie de la population confrontée à cette nouvelle façon de travailler. Mais le travail à distance en tant qu’employé et en période “normale” n’est pas aussi fréquemment utilisé.

“Le télétravail est mis en place dans le cadre d’un accord collectif ou, à défaut, dans le cadre d’une charte élaborée par l’employeur après avis du comité social et économique, s’il existe. En l’absence d’accord collectif ou de charte, lorsque le salarié et l’employeur conviennent de recourir au télétravail, ils formalisent leur accord par tout moyen. (Source)

Certains salariés se sentent attirés par ce style de vie, car ils ont déjà testé le télétravail pendant les nombreux confinements. Ils ont réalisé les multiples avantages que procurent le fait de bosser de chez soi.

  • Ne plus perdre des heures dans les transports en communs ou les embouteillages (gain de temps) ;
  • Être plus efficace et productif (pas de collègue pour le déconcentrer) ;
  • Une certaine flexibilité dans l’organisation de son planning de travail.

Mais aussi, en tant qu’employés, ils pouvaient aussi exercer leurs missions en dehors de leur ville ou pays de résidence.

Cette nouvelle façon de travailler n’a été pour eux qu’une parenthèse pendant une période inédite. Mais aussi une énorme bouffée d’oxygène dans une période compliquée à vivre pour le monde entier. Et c’est peut-être ce que, toi, tu as vécu aussi.

L’envie de  travailler de nouveau d’où tu veux te titille de plus en plus ? Je ne vais pas te mentir : être salarié et digital nomad n’est pas aussi simple. Dans le cas du nomade entrepreneur, il est le seul décideur dans ce choix de vie. Toi, tu dépends de ton patron. Et certains employeurs sont réticents à l’idée du télétravail, et encore plus si l’employé n’est jamais présent dans les bureaux de la société.

Alors, si tu lui dis que tu veux le faire depuis les îles Canaries ou le Mexique… tu imagines bien que cela va rarement passer comme une lettre à la poste !

Pour que cela se fasse en toute légalité et en total accord avec la boîte qui t’a embauchée, il y a certaines règles à suivre.

  • Présence d’un avenant dans ton contrat de travail qui stipule les modalités exactes de cette nouvelle organisation de travail : horaires, durée de la période de télétravail à l’étranger, lieu de travail (pays autorisés par l’employeur) 
  • Le matériel indispensable pour exercer ton job ;
  • Des outils de communications pour rester en contact avec ton employeur et tes collègues de bureau ;
  • Une connexion internet stable et privée.

Car même si tu n’es plus présent physiquement dans l’entreprise, tu es, en tant qu’employé, sous la subordination juridique de ton employeur.

Et puis, il y a la  question de l’affiliation à la sécurité sociale. C’est un  point très complexe que je n’aborderai pas, car je ne suis simplement pas qualifiée pour le faire. Comme tu l’auras certainement compris cette situation nécessite donc une entrevue avec ton employeur et son service juridique afin de définir les clauses à ajouter à ton contrat actuel. 

N’ayant plus de bureau fixe au sein de l’entreprise qui t’emploie, tu peux exercer depuis ton logement, un café ou un coworking (espace de travail partagé). Mais il faut bien le reconnaitre : les employeurs qui acceptent cette forme de travail à distance, depuis un autre pays, sont très rares.

Bien sûr, rien ne t’empêche de tenter l’expérience.

L’autre solution à ta portée est de postuler à un poste de salarié remote.

Certes, ton employeur actuel n’est peut-être pas super emballé à l’idée de te savoir à l’autre bout du pays (voire du monde) pour exercer les tâches qui t’incombent. Mais, il existe des entreprises qui n’ont aucun a priori vis à vis cette façon de travailler. Bien au contraire. Certaines entreprises n’emploient QUE des salariés à distance. Il existe des sites sur lesquels tu peux postuler à des offres d’emplois de ce genre. En voici un : Welcome To the Jungle

2) Devenir entrepreneur nomade

Une grande partie des personnes qui ont choisi le mode de vie digital nomad ont déjà un statut d’indépendant lorsqu’ils deviennent nomades digitaux. Il peut s’agir  :

  • De salariés qui se sont reconvertis dans un métier du web ;
  • De retraités qui veulent augmenter leurs revenus pour vivre une meilleure vie en suivant le soleil ;
  • Ou des personnes sans emploi depuis trop d’années et à qui on ne propose aucun travail intéressant. Le seul moyen ? Créer leur propre emploi !

L’entrepreneuriat est généralement la meilleure option pour devenir des nomades numériques.

Par exemple, avec Patrice, nous sommes entrepreneurs sur le web depuis 2005. Lorsque nous avons fait le choix de changer de mode de vie pour voyager à plein temps, nous avions déjà un business (une boutique en ligne). Nous nous sommes bien organisés pour pouvoir la gérer tout en nous déplaçant à travers l’Europe.

Il est clairement plus simple de faire la transition de sédentaire à nomade lorsque tu as déjà une affaire qui tourne, que tu génères déjà assez d’argent pour pouvoir vivre à l’étranger. C’est pour cette raison et en toute connaissance de cause, que je te déconseille de partir PUIS de lancer ton entreprise.

Quand on démarre une entreprise, il faut y consacrer beaucoup d’heures et d’énergie. Tu dois être concentré sur la création et la rentabilité de ton entreprise à 200 % !

Ce qui veut dire que tu ne peux pas avoir ton attention détournée par des invitations à sortir pour faire la fête jusqu’à pas d’heure. Passer tes journée à visiter un lieu ou à te prélasser sur la plage ou au bord de la piscine, un verre de cocktail à la main ? C’est compliqué quand on doit faire décoller son activité !

Si tu ne veux pas gâcher tes débuts en tant qu’entrepreneur nomade, tu dois faire des choix : soit tu bosses sur ton projet d’entreprise, soit tu profites. Mais les deux à la fois vont être très compliqués sans une énorme dose de discipline.

Voilà pourquoi, avant le départ, il vaut souvent mieux conserver son emploi actuel et, en parallèle, te former (si cela est nécessaire) et créer une nouvelle activité qui apporte la liberté dont tu rêves tant.

Cette création d’entreprise doit être réfléchie. Je le répète sans arrêt : il faut aimer ce que l’on fait. Là, c’est toi seul qui décide de ton activité, alors fais en sorte de choisir un domaine qui te correspond et dans lequel tu vas t’épanouir. Tu seras dans de meilleures conditions pour apprécier, à sa juste valeur, cette vie que je qualifierais de rêve. 

Voici un article qui liste les 10 principaux métiers pour digital nomad. Cela peut déjà te donner une petite idée des possibilités d’activités les plus répandues et qui pourraient te convenir.

Quel statut pour un digital nomad ?

Il existe plusieurs formes d’entreprises : SAS, SARL, SASU, EURL, EI… Et encore, ceci n’est que pour la France ! Di coup, c’est compliqué de te diriger vers le statut idéal pour ton activité et je ne suis pas habilitée à te donner des conseils personnalisés pour ça. Par contre, pour un solopreneur français, le statut juridique le plus approprié et le plus simple est celui de la microentreprise. C’est souvent par celui-ci que l’on démarre sa vie d’entrepreneur.

Pourquoi ? Parce que l’on peut créer son auto-entreprise tout en étant :

  • étudiant,
  • salarié (si on ne fait pas concurrence à son employeur et sauf indications contractuelles contraires),
  • retraité
  • et même parfois fonctionnaire (sous certaines conditions).

Pour en bénéficier, il ne faut pas que ta microentreprise dépasse certains plafonds de revenus. Dans le cas d’activité libérale ou de prestations de services, le plafond est à 77 700 € (en 2023). Si ton activité est commerciale, ce montant est de 188 700 €. Si tu dépasses le plafond indiqué, tu perds le statut de micro-entrepreneur et tu bascules vers celui d’entrepreneur individuel (EI).

Le statut de micro-entrepreneur (ou auto-entrepreneur)  est le plus répandu chez les nomades du numérique qui veulent être à leur compte.

Tu peux créer ton entreprise en quelques clics en te rendant sur ce site : https://formalites.entreprises.gouv.fr

Créer son auto-entreprise est entièrement gratuit. Et la gestion de ta comptabilité est des plus simples :  tenir un livre de recettes, un registre d’achat (selon ton activité) et conserver tous les justificatifs. Il existe des logiciels comptables adaptés aux freelances tels que My AE qui est gratuit et qui te permet d’éditer des factures et des devis très facilement.

Alors bien sûr, en devenant entrepreneur tu auras aussi des obligations comme :

  • Déclarer ton chiffre d’affaires (CA) même s’il est de 0 euro ;
  • Avoir un compte bancaire dédié à ton activité (qui n’est pas obligatoirement un compte dédié aux professionnels).
  • Payer tes cotisations sociales à l’URSSAF chaque mois (ou trimestre selon ton choix) qui s’élèvent à 22% de ton CA. Ces cotisations sociales concernent : 
    •  La cotisation d’assurance maladie-maternité ; 
    •  La cotisation d’allocations familiales ; 
    •  La cotisation invalidité-décès ; 
    •  Les cotisations de retraite de base et de retraite complémentaire ; 
    •  La CSG et la CRDS. 

Sans oublier :

  • T’acquitter de tes impôts et, en tant que micro-entrepreneur, tu devras faire une déclaration complémentaire d’impôt sur le revenu avec le formulaire N°2042-C-Pro, en y indiquant le montant  de ton CA.
  • Régler de la CFE (Cotisation Foncière des Entreprises) dont le montant dépend du lieu où se trouve le siège social de ton auto-entreprise.
  • Participer à la Contribution pour la Formation Professionnelle en fonction de ton activité professionnelle : 0,3% du chiffre d’affaires pour les activités artisanales, 0,1% pour les activités commerciales, 0,2% pour les prestations de service et les professions libérales.
     

En 2023, la facturation de la TVA devient obligatoire dès que le plafond de 36 800 € est dépassé (avec un seuil de tolérance à 39 100 €). En tant que travailleur indépendant, il te faudra aussi cotiser toi-même pour une mutuelle santé et une caisse prévoyance retraite. 

Alors, c’est vrai qu’en voyant TOUTE cette paperasse à gérer, toutes ces charges à assumer, tu peux prendre peur. Tu peux te dire que tu n’auras pas beaucoup de temps pour toi, pour profiter du lieu où tu te trouves. Ou que, financièrement, cela va être compliqué de gagner autant de revenu que tu l’imagines. Être entrepreneur n’est pas un long fleuve tranquille : c’est important d’en prendre conscience avant de te jeter dans le bain.

Comme je te l’ai dit plus haut, il y a des obligations. Mais, c’est aussi le cas quand on est salarié, n’est-ce pas ? D’ailleurs, autant cela pouvait être très complexe avant l’invention du statut d’auto-entrepreneur, autant tout cela est quand même assez simple à gérer et logique dans les charges. Dis-toi qu’avant tu payais des charges sociales même si tune faisais aucun chiffre d’affaires !

L’avantage d’être indépendant, c’est que c’est TOI qui décide de la direction que tu veux faire prendre à ton business. Et même si tu as des contraintes au départ, les possibilités d’évolution ne dépendent que de toi, pas de l’accord du RH de bien vouloir t’augmenter de 2 %, surtout avec ton salaire n’a pas bougé depuis 3 ans !

Et puis, donc, tu obtiens ce qui fait le but de ce contenu : tu décides du lieu où tu veux vivre et du lieu où se trouve ton entreprise.

Enfin, si tu ne vis plus du tout en France, que tu n’y as pas ton foyer familial, qu’est-ce qui t’empêche de créer ton entreprise à l’étranger ? C’est un sujet que j’aborderai dans un prochain contenu.

⚠️ APPEL  À L’ACTION !

Pour avancer dans ton projet, il est temps de savoir sous quel statut professionnel tu veux exercer :

  • Tu as déjà ton entreprise ? As-tu testé ton travail en mode nomade ?
  • Tu veux rester salarié et tenter de faire une demande de travail en remote auprès de ton employeur actuel ? Postuler auprès d’autres entreprises ?
  • Ou bien tu souhaiterais devenir ton propre boss ? Avec ton métier actuel ou bien avec une reconversion professionnelle ?

Partage ta situation en commentaire et définis tes prochaines actions selon ta situation.

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